D'après la publication "Les Nouvelles de Sainte-Dode"
SAINTE-DODE est la seule commune rurale du Gers à posséder un temple protestant. De taille modeste, c'est un édifice rectangulaire de 10 mètres sur cinq, haut de 6 mètres 40, couvert d'un toit en bâtière. Son originalité réside dans ses deux murs pignons, taillés en gradins, celui de l'ouest surmonté d'un clocheton, et dans les alternances de pierres et de briques aux quatre angles du bâtiment et aux encadrements des deux portes.
A notre connaissance, Mauvezin, Fleurance et Eauze, pour le Gers, Bagnères de Bigorre pour les Hautes-Pyrénées et Pau dans les Pyrénées Atlantiques, possèdent ces lieux cultuels de l'église réformée. Dans certaines agglomérations, "Auch, Tarbes", des salles évangéliques servent de lieu de culte.
Nous sommes assez ignorants des raisons qui ont été à l'origine de cette scission parmi les chrétiens.
Certainement des divergences avec le curé de l'époque, un pasteur évangélique habitant la commune, dans la maison située à proximité de ce temple, et qui a influencé quelques familles de la commune.
Sa construction remonte à la fin du 19ème siècle. Monsieur le Préfet du Gers, par arrêté du 25 octobre 1899 avait autorisé le Sieur Edmond HUE, évangéliste, à construire un temple protestant à Sainte-Dode, en bordure C.G.C 127.
La construction ne tarda pas, puisque 1900 est gravé sur le frontispice de la porte sud. Par un nouvel arrêté, Monsieur le Sous-Préfet de Mirande autorisait en 1902, le culte protestant. En 1902 également, l'état civil fait état de la naissance d'une fille de Monsieur HUE Edmond, pasteur. Il semble qu'il ait été le seul pasteur évangéliste à habiter la commune.
Le culte protestant n'a pas fait tache d'huile dans la commune, ni dans les environs. En 1940, à la veille de la 2ème guerre mondiale, seules quelques familles professent encore cette religion parmi elles, la famille ADER, et VIGNAUX, épicier, habitant en face du temple. Ces deux familles ont quitté la commune depuis.
Les pratiques du culte y étaient rares, avec un pasteur venu d'ailleurs.
Détenteur de la clef, Monsieur VIGNAUX, l'épicier du village, y entrepose, pendant ces années de crise et de restrictions, des quantités importantes de sucre, huile, café, ..., dont il se sert pour faire du marché noir, pratique très florissante à cette période.
En 1943, quelques maquis des alentours, ayant eu vent de ces faits, viennent s'emparer de toutes ces denrées, très rares durant ces années de guerre, dont ils distribuent la plus grande partie à la population.
A la suite de ce scandale, dans les années 1954 ou 1955, l'Association Evangélique du Sud-ouest, propriétaire du temple à l'époque, le déclassa et y interdit la pratique du culte.
Cette bâtisse laissée à l'abandon, se dégradait au fil des ans, sa situation en bordure de la route départementale, la rendant particulièrement dangereuse.
"L'Eglise Réformée de France", qui en était devenue propriétaire, n'ayant pas les moyens d'en assurer la réparation et l'entretien, proposa la vente de ce temple à la commune. Monsieur Jean DOURS, alors Conseiller Général du canton, avait servi d'intermédiaire.
Contre le franc symbolique, la vente fut conclue le 25 novembre 1981, la commune s'engageant à ne pas le démolir. Le 27 février 1982, le Conseil Municipal, autorisait Monsieur Louis LHEZ, Maire, à signer l'acte de vente, ce qui fut fait le 28 avril 1982, en l'étude de Maître CATHALA à Miélan.
Mais voilà que se découvre une Association Cultuelle et Culturelle, du temple de Sainte-Dode ayant pour responsables et adhérents la famille Ader et consorts, qui revendique la propriété de ce temple et intente une action en justice, demandant l'annulation de la vente.
Le 12 septembre 1984, le Tribunal de Grande Instance d'Auch, déboute l'association, et rend un jugement favorable à la commune.
Le 05 octobre 1984, l'Association fait appel de ce jugement.
Le 27 mai 1986, la Cour d'Appel d'Agen, confirme le jugement rendu à Auch en 1984.
Le 12 août 1986 l'Association se pourvoit en cassation, demandant l'annulation des procédures précédentes, et l'annulation de la vente.
Le 18 décembre 1987, la Cour de Cassation confirme la validité des différents jugements, et déboute définitivement l'Association, celle-ci devant assurer la charge des dépens. Plusieurs interventions de l'Huissier demeureront vaines.
L'association en question étant insolvable, afin d'éviter une nouvelle procédure très longue contre les membres de cette association, le Conseil Municipal décide d'apurer tous les frais restés en suspend, et impayés. Pour clore ce dossier, la commune a du débourser 30 000 F.
Six années se sont écoulées depuis la décision de l'achat de cette bâtisse. De vétuste à l'origine, le bâtiment s'était très dégradé, menaçant ruine, la toiture ayant en partie disparue, victime des intempéries.
Le 19 avril 1983 le Conseil avait approuvé un devis de réfection de 33 000 F mais l'autorisation d'effectuer ces travaux avait été refusée, tant que le jugement n'était pas définitif.
Les travaux pouvaient donc être entrepris. La toiture étant refaite, l'extérieur ravalé, ce bâtiment était désormais à l'abri des intempéries.
Comme le montrent les photos anciennes, le clocher mur de cet édifice abritait une cloche que nous faisions tinter à coups de fléchard à la sortie de l'école. Dans les années 1983 ou 1984, la famille Ader, s'estimant propriétaire de cette cloche, vint la descendre et la récupérer. Elle fut déposée au temple de l'Eglise réformée d'Eauze. Le jeudi 13 mai 2010, jour de l'Ascension, elle sera inaugurée au cours de l'office religieux dans le nouvel emplacement qui lui a été attribué.
Voilà résumée, l'histoire de ce lieu cultuel, qui aura duré presque tout le 20ème siècle.