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Les Croix de Garde article de Gérard Tujague

Sainte-Dode et les croix de garde

Par Gérard Tujague

Qui dans la commune ou dans les environs n’a jamais évoqué ce lieu dominant de notre paysage, d’où l’horizon s’élargit et permet de découvrir une vue imprenable sur les environs?

 

les trois croix

Mais qui connait l’origine de ces croix assurant la garde de cette contrée? Le livre Terrier de 1778 (cadastre de l’époque) mentionne leur présence. On y relève le lieu dit « A las croutz de Garde ». Les archives départementales ne détenant pas de livre Terrier plus ancien, c’est certainement la seule trace que nous pouvons relever dans les documents dont nous disposons.

Leur existence à cette époque confirme qu’elles auraient une origine très ancienne. Elles pourraient remonter au moyen âge et à l’origine du prieuré de Sainte-Dode fondé en 1034par Guillaume, Comte d’Astara qui possédait des biens importants dans la contrée. Ce prieuré fut édifié dans le lieu d’Oria Val près du tombeau de sainte-Dode où existait déjà un oratoire dédié à cette Sainte inscrite au martyrologue des Saints à la date du 26 septembre (année ?). Elle aurait été décapitée au lieu dit Martres qui existe encore sur la commune de Saint-Michel. Elle avait ensuite lavée sa tête ensanglantée dans la fontaine du Capulet toute proche et serait venue sur le lieu de sa sépulture. Aussitôt après sa fondation, le Comte d’Astarac fit don du prieuré aux bénédictins de Simorre dont le prieur devint Seigneur de Sainte-Dode. Ceci explique certainement qu’à l’église abbatiale de Simorre, une chapelle est dédiée à Sainte-Dode et qu’une porte située dans la partie sudde l’église soit dénommée porte de Sainte-Dode.

Sur ce lieu d’Oria Val existait à quelques dizaines de mètres de ces croix un camp rectangulaire fossoyé dit Aux croix de Garde dont il subsiste encore quelques vestigeset qui remonterait à l’époque romaine. Le chanoine Cazauran, dans le Cartulaire de Berdoues page656 rapporte que César avait en ce lieu dressé un camp. Une autre légende rapporte qu’il avait été enterré dans son enceinte un cuir de vache rempli d’or. Malgré les mouvements de terrain qui ont pu se produire depuis ces temps là, ce trésor n’a jamais été retrouvé. La légende reste entière.

Dom Brugelle dans ses chroniques écclésiastiques du diocèse d’Auch rapporte qu’il avait été projeté par le Prieur de Simorre, certainement tout au début de ce XIV ème siècle d’édifier une bastide en ce lieu de Val de Garde ou Fort de Garde. Les comtes d’Astarac s’étant opposés à ces projets du Seigneur de Sainte-Dode, cette bastide n’a jamais vu le jour. Sur deux collines voisines, Mielan et sainte-Dode auraient chacune eu leur bastide.

Les sentences arbitrales de 1036 conclues entre le Prieur Rodolphe de Labrande et la communauté de Sainte-Dode nous indiquent que les terres du Prieuré étaient divisées en plusieurs parties :

*Les terres du village s’étendant autour du Château ou du Prieuré

*les terres autour du village situées dans un certain rayon aux alentours

*les appartenances de Sainte-Dode situées au-delà de certaines bornes nettement indiquées

Pour les terres tirant vers Mielan, d’après ces sentences, cette borne se situait à Val de Garde ou Fort de Garde très certainement à l’emplacement de ces trois croix.

Est-ce là l’origine de ces croix de garde, On peut le supposer. En raison de leur fervente piété, des habitants de l’époque ont très bien pu élever en ce lieu dominant de leur commun, faute de bastide un calvaire comme il en existe ailleurs. Cette ferveur s’est maintenue jusqu’à nos jours.

Mais il est rapporté oralement une autre origine. Ces calvaires auraient été élevés au XVème siècle après la guerre de cent ans afin de perpétuer le souvenir des batailles qui avaient permis de rejeter les Anglais hors de France. La dernière , gagnée par Charles VII ayant été la bataille de Castillon la Bataille en 1453.

Ce calvaire pourrait donc avoir un rapport avec la Bataille de Mielan le 14 mai 1450.

Faute d’archives s’y rapportant, leur origine restera sans doute encore longtemps inconnue.

Dans les années 70, ces croix étant complètement tombées, Mr. Jean Arquier, aujourd’hui disparu, fervent pratiquant et qui habitait à proximité, décida de les remettre en place. On lui fit don des arbres nécessaires et s’assurant du bénévolat de quelques personnes ainsi que de quelques artisans, il mena à bien son projet. Le 8 septembre 1974 une grande partie de la population assista à leur bénédiction au cours d’une messe célébrée en plein air.

Trois décennies nous séparent à peine de cette restauration. Ce calvaire était de nouveau très délabré. Le conseil munucipal que nous remercions prit la décicion de le reconstruire et le 28 septembre 2003, jour de fête locale, une manifestation réunitp our son inauguration un nombre important de personnes, marquant ainsi leur attachement à notre histoire.

Resistera-t-il longtemps à l’usure du temps ? Nous en émettons le vœu. Nous espérons que le moment venu, nos successeurs s’attacheront à conserver sur ce point culminant ces trois croix, qui même en dehors de toute pratique culturelle donnent une image à notre commune.

 

Gérard Tujague

 

 

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